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Chroniques de La Montagne - Tome 1
1952-1961
Charles Dantzig (préface de)
Date de parution : 05/10/2000
Éditeurs :
Bouquins

Chroniques de La Montagne - Tome 1

1952-1961

Charles Dantzig (préface de)
Date de parution : 05/10/2000

« Je n’ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j’accumule, et plus tard, ce sera trop tard. » C’est pour répondre à cette urgence qu’Alexandre Vialatte...

« Je n’ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j’accumule, et plus tard, ce sera trop tard. » C’est pour répondre à cette urgence qu’Alexandre Vialatte (1901-1971) a créé un genre littéraire à lui : la chronique.
De sa vingtième année jusqu’à sa mort, il en a...

« Je n’ai jamais le temps de dégorger le vingtième de ce que j’accumule, et plus tard, ce sera trop tard. » C’est pour répondre à cette urgence qu’Alexandre Vialatte (1901-1971) a créé un genre littéraire à lui : la chronique.
De sa vingtième année jusqu’à sa mort, il en a composé par centaines, pour La Revue rhénane, Le Crapouillot, L’Intransigeant, Le Moniteur, L’Époque, La Nouvelle Revue française, Marie-Claire, Le Journal de l’Est, Le Petit Dauphinois et pour La Montagne. Ce quotidien auvergnat lui offre toutes les semaines une colonne et lui laisse une totale liberté pour parler de tout, sauf de politique.
Ainsi, pendant dix-huit ans, tous les dimanches soirs, Vialatte porte sa copie au wagon postal du train de vingt-trois heures quinze. Ce n’est que deux ou trois fois qu’il a manqué à son rendez-vous. De quoi parle-t-il ? De tout, de rien. Tantôt il aborde un roman, tantôt une pièce de théâtre ou un recueil de poèmes, il évoque un film, se gausse d’une vérité première, approfondit un lieu commun, commente un proverbe. La chronique c’est l’œuvre d’un promeneur, d’un flâneur, d’un philosophe. « Une chronique – disait Alexandre Vialatte –, il faudrait la faire pousser comme une herbe dans les fentes d’un mur, dans les pierres de l’emploi du temps. Pierre Vialatte, à sa manière, nous restitue le temps perdu. Il appartient à la famille des Saint-Simon et des Proust.
Robert Kopp.

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EAN : 9782221090411
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 1140
Format : 132 x 198 mm
EAN : 9782221090411
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 1140
Format : 132 x 198 mm

Ils en parlent

« Si vous n’achetez qu’un livre cette année, je vous en conjure, que ce soit celui-là : l’intégrale des chroniques de Vialatte est la Merveille des Merveilles. »
Frédéric Beigbeder, Voici.


« Cinquante ans après leur naissance, ces Chroniques n’ont pas pris une ride. Elles font s’envoler de La Montagne une poussière de petits riens qui donnent les larmes aux yeux, et le sourire aux lèvres. »
Bertrand de Saint-Vincent.


"Vialatte : le Saint-Simon du minuscule"

Il aura fallu trente ans pour que l’écrivain Alexandre Vialatte nous apparaisse dans toute sa dimension. Vialatte ne fit guère de son vivant la promotion de son œuvre : il l’écrivait, cela prenait tout son temps. […] L’édition que vient d’établir Charles Dantzig, avec l’aide de Pierre Vialatte, prend un autre parti, que Vialatte mérite bien : l’intégrale. Elle comporte, dans l’ordre de leur première publication, toutes les chroniques de La Montagne, dont environ 300 restées inédites en volume, accompagnées d’un index et des notes indispensables. Ce que la lecture chronologique permet de découvrir est passionnant. On y voit de quelle façon, très vite, l’intérêt se déplace des sujets traités vers la manière de les traiter ; comment le lecteur, censé lire une rubrique d’information culturelle, est bientôt charmé par une voix, et quel que soit le sujet, ravi par l’entretien malicieux, surprenant, émouvant, de cet inconnu qui s’adresse à lui chaque semaine.
François Taillandier, Le Figaro littéraire.


Vialatte, avec ses chroniques, a tenu le journal d’un esprit, d’un cœur, d’une sensibilité, d’une fantaisie intellectuellement unique. Il a trouvé une modulation inédite en parlant de tout et de rien, il a fait de lui, en 2000 pages, un portrait que je garantis, moi qui l’ai connu, être la ressemblance même.
Jean Dutourd, de l’Académie française, La Montagne.


Aujourd'hui, les amateurs de Vialatte reçoivent enfin ce dont ils rêvaient depuis longtemps - et qui leur permettra de gagner un espace non négligeable dans leur bibliothèque - : une édition intégrale et chronologique des "Chroniques de La Montagne". On espère que toutes les autres chroniques (Spectacle du Monde, Marie-Claire, etc.) seront elles aussi bientôt rassemblées avec un tel soin. […]

La France de Vialatte, ce n'est pas celle des manchettes des grands journaux ni celle des manuels, qu'ils concernent l'Histoire ou la littérature. C'est celle de tous les jours, celle des ménagères qui lisent des auteurs aujourd'hui oubliés, celle de l'"homme qui attend l'autobus 21 au coin de la rue de la Glacière". Il parle de l'esprit de Noël, des Auvergnats qui vendent des marrons au coin des rues, et de la grande place de Clermont-Ferrand. […]

Pour jouir de cet ensemble, il faut le feuilleter et revivre vingt ans de préoccupations quotidiennes dans une France rassurante et disparue, dans la France d'avant McDonald's et l'Internet. […]

Ou se demander ce que nous faisions quand, dans la France profonde, dont il est le miroir, les choses étaient ce qu'en dit Vialatte. Mieux que la madeleine de Proust, ces "Chroniques" sont une usine à réminiscences. […]
Christophe Mercier, Le Point (17 novembre 2000)


Jamais pédant ou jargonneux, toujours drôle et ultra-lucide, le grand Alexandre décrypte son monde comme on regarderait le spectacle d'un vieux cirque en tournée. Avec tendresse et circonspection.
Olivier Le Naire, L'Express


Ses " Chroniques " enfin rassemblées en deux volumes valent le déplacement. C'est le bréviaire d'une vie. " La Montagne " a accouché d'un éléphant.
Fabrice Gaignault, Elle


Poésie, humour. Il surprend, émerveille, enchante. Il excelle dans le jeu des mots et des idées, se plaît à souligner la cocasserie des situations. S'amuse et amuse. Tout y passe. Sujets graves et légers, grand et petits événements.
Jean-Jacques Mourreau, Le Spectacle du Monde


Comme Voltaire, qui fut l'un de nos plus grands journalistes, Vialatte a le cœur triste et l'esprit gai. Il ne semble guère excessif de voir dans ces " Chroniques de La Montagne " une malle aux trésors où plonger des yeux éblouis. Ont-elles vieilli ? Pas le moins du monde. Vialatte lisait clair dans le monde de l'an 2000 : " L'humanité, remarquait-il dès 1970, n'est plus qu'une clientèle. "
Domnique Mondoloni, Nice-Matin


Ces chroniques parlent de tout sans être un fourre-tout. Elles sont des choses vues, des nouvelles quand [Vialatte] rapporte un fait-divers dans un esprit où Aymé se confond avec Allais, des critiques littéraires, cinématographiques, théâtrales, des portraits où se manifeste son don de la formule.
Pierre-Robert Leclerq, Le Monde


Des chroniques de ce genre, on voudrait en lire, aujourd'hui. Mais… on ne trouve pas tous les jours un Alexandre Vialatte. […]
Guy Konopnicki, Marianne

PRESSE

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Champdefaye 29/09/2022
    Le Vialatte est-il inné ou acquis ? L'autre soir à diner, ma charmante voisine de table me disait qu'elle aimait bien lire de temps en temps les petites histoires que je publie dans le JdC, mon blog. Laissant les autres dîneurs discuter de problèmes ardus de mécanique présidentielle, à savoir du scooter de Monsieur Hollande et du dictaphone de Monsieur Buisson, nous avons parlé longtemps de la forme et du contenu du JdC. C'est dire si, pour moi, ce fut une bonne soirée. Mon enthousiaste convive émit cependant une interrogation sur le sens, et peut-être même un doute sur l'opportunité de l'exergue permanent qui figure sous le titre du Journal: "L'éléphant est irréfutable". Dans l'instant et les brumes du Haut-Médoc, je n'ai pas su lui donner de réponse satisfaisante, ou plutôt de réponse qui me satisfasse. Mais à présent, muni de mon meilleur esprit d'escalier, je vais lui en donner, moi, des explications. L'éléphant est irréfutable Ces quelques mots constituent le plus bel aphorisme que je connaisse. Mais ce n'est pas que cela : ils forment à eux quatre toute une philosophie, une ligne de conduite, un sésame, une maxime, une devise qui, si ma famille en avait, devrait figurer sur ses armes. Développons. L'éléphant est irréfutable —Mais d'abord, grand-père, que veut donc dire "irréfutable"? —Irréfutable? Mais voyons!...qu’on ne peut réfuter, mettre en doute, contester, critiquer, remettre en question, contredire.... —Mais alors, grand-père, cet adage possède un caractère axiomatique intrinsèque. Il n'est qu'une évidence, un truisme. Quel fou voudrait mettre en doute, contester ou même contredire un éléphant? —Tout d'abord, ma petite Henriette, je te prierai, quand tu discutes avec moi, de ne pas utiliser de mots savants en trop grand nombre. Nous ne sommes pas à France-Culture et quand on sait qu'il y a cinq minutes, tu ne connaissais pas le sens du mot irréfutable, c'est plutôt ridicule. Cela dit, il faut que tu saches qu'il n'y a pas si longtemps, l'irréfutabilité du pachyderme était loin d'être acquise. Contrairement à la femme, qui remonte à la plus haute antiquité, l'éléphant n'est apparu que beaucoup plus tard. Nos ancêtres les Gaulois ne le connurent que par ouï-dire, et sans y attacher plus d'importance que ça. Alexandre le Grand ne les vit qu'à contrejour par un beau matin de février 325 (avant JC) et les Romains nièrent farouchement son existence jusqu'à ce que les Carthaginois les détrompent (d’éléphant) le 12 novembre 218 (toujours avant JC). Mis à l'honneur dans le grand cirque de Jules César, les éléphants tombèrent en disgrâce dès après les Ides de Mars. Pendant des siècles, on ne parla plus d'eux que très rarement et dans des termes toujours désobligeants, au point que Charlemagne eu cette idée folle, parmi d'autres, de les rayer officiellement du grand catalogue des animaux (De bestiolae magnae) pour l'inscrire à celui des monstres légendaires (De fabulari monstri et aliae stultitiae). C'est à partir de cette époque que l'éléphant entra vraiment dans la clandestinité et finit par disparaître totalement en tant que sujet de conversation. J'en veux pour preuve que ni Clément Marot, ni Ambroise Paré ni même le Vicomte de Bragelonne n'y ont jamais fait la moindre allusion. L'imprudent qui se risquait à évoquer, même indirectement, le gros animal se voyait aussitôt condamné à remonter la Seine de Bougival à Bercy en nageant la brasse à reculons. Tu comprends donc, Henriette, qu'à cette époque, non solum l'éléphant n'était pas irréfutable, sed etiam qu'il était recommandé de le réfuter. Fort heureusement, avec le développement du chapeau mou et l'invention de la fourchette pour gaucher, l'éléphant a pu regagner au cours des cent dix-sept dernières années tout le terrain qu'il avait perdu et même davantage. Aujourd'hui, il a repris toute sa place. Il est partout, dans les parcs, dans les jardins, dans les journaux, dans les partis politiques, dans le métro, au point qu'il en est parfois gênant, surtout aux heures d'affluence. Tu vois donc, ma petite Henriette, que l'apophtegme précité n'a pas toujours été aussi évident. Henriette? Henriette? Tiens ! Elle est partie..." Trêve de plaisanteries, la seule chose sérieuse dans "l'éléphant est irréfutable", c'est que cette petite phrase est drôle et la seule chose drôle, c'est qu'elle est sérieuse. Pourquoi est-elle sérieuse? Si vous vous posez encore la question, c'est que vous avez lu trop vite le discours à Henriette ci-dessus. Je résume: l'éléphant est une chose sérieuse (bon, d'accord, l'éléphant n'est pas une chose, mais je ne me sens pas le droit de dire que l'éléphant est un animal sérieux, car, après tout, je n'en connais aucun personnellement), il existe, il est partout (voir plus haut). Pourquoi est-elle drôle? Là, je deviens sérieux : elle est drôle parce que l'affirmation est laconique, péremptoire, conclusive comme si elle provenait d'une longue démonstration, alors que le message porté - l'éléphant existe - est évident et que personne ne songe à le contester. C'est le comique de l'absurde, du nonsense anglais, la forme d'humour la plus raffinée, loin de l'ironie, de l'esprit de répartie, du calembour et de la contrepèterie. C'est la drôlerie étrange de ces deux hippopotames dont l'un dit à l'autre, qui se prénomme d'ailleurs George, qu'il n'arrive pas à se faire à l'idée qu'on est mercredi (et n'allez pas déduire de ce deuxième exemple que le comique de l'absurde doit nécessairement mettre en scène des animaux africains). Analyser les raisons du comique est un exercice dangereux qui a en général pour résultat de tuer le sujet. Aussi je m'arrêterai là. Après tout, tout le monde n'est pas Bergson. Je préfère donc laisser la parole à G.K. Chesterton : "(le nonsense) c'est de l'humour qui abandonne toute tentative de justification intellectuelle, et ne se moque pas simplement de l'incongruité de quelque hasard ou farce, comme un sous-produit de la vie réelle, mais l'extrait et l'apprécie pour le plaisir." Vialatte a beaucoup usé du nonsense (l’usage voudrait que l’on imprime systématiquement les mots « et abusé » après le mot « usé », mais je ne saurais appliquer ce syntagme figé et désobligeant au frère de Jacques Perret et père de Pierre Desproges —dans la famille Spirituel, je voudrais le frère et le père). Par exemple, il terminait systématiquement ses chroniques par « Et c’est ainsi qu’Allah est grand ! », ceci quel que soit le sujet traité. Il aimait dire, hors de propos : « Le loup est appelé ainsi à cause de ses grandes dents » (mais y-a-t-il un propos qui permette, à propos, d’affirmer une telle vérité ?) Dans sa « Chronique du Diable et de la Cérémonie » parue le 23 juin 1959 dans La Montagne (Vialatte a d'abord écrit 898 chroniques hebdomadaires pour ce journal et puis il est mort.), il a écrit : (…) Rien de plus cérémonieux que l’homme (sauf le Chinois). C’est même, je crois, le seul animal cérémonieux. Il y a bien le tétras d’Amérique qui organise des danses prénuptiales en défrichant un cercle herbu pour parader devant les dames, et même un oiseau d’Australie qui bâtit une maison complète pour sa fiancée, un kiosque turc, avec des murs et des jardins, au pied d’un arbre, pour lui donner la collation comme M. Jourdain aux marquises, mais le Chinois est encore pire ; pire que le tétras et l’oiseau d’Australie. Il se coupe les pieds pour satisfaire à l’étiquette quand son suzerain lui donne une porte à garder ; il montre ainsi qu’il ne reculera pas ; ce qui fait bien des jaloux ; les jaloux coupent les têtes et les apportent au suzerain pour avoir le droit aussi de se faire couper les pieds. Il ne sert le poisson que la queue tournée vers le convive, le ventre à gauche en hiver, le ventre à droite en été. Et son respect pour les points cardinaux est une véritable obsession ; ce ne sont que portes de l’Est et Dragons du Soleil levant, tortues du Nord, tigres blancs de l’Occident. Il n’est pas jusqu’au oui que le Chinois ne torture et n’éloigne du naturel : il enseigne aux garçons dès leur plus tendre enfance à le dire d’un ton décidé, aux filles à le dire d’un ton humble. Résumons-nous, l’homme est cérémonieux. J’ai entendu (à la Chaise Dieu) une dame dire à son mari : « Tu as parlé au chien impoliment » (il s’agissait d’un affreux basset qui s’appelait Truffe !) Résumons-nous : l’homme est cérémonieux (…) (Chroniques de La Montagne, Robert Laffont éditeur.) Si vous n’avez rien compris à ce texte mais que vous avez ri au moins trois fois, c’est que, chez vous, le Vialatte est inné. Si non, il va vous falloir l’acquérir. Et c’est ainsi qu’Allah est grand. Le Vialatte est-il inné ou acquis ? L'autre soir à diner, ma charmante voisine de table me disait qu'elle aimait bien lire de temps en temps les petites histoires que je publie dans le JdC, mon blog. Laissant les autres dîneurs discuter de problèmes ardus de mécanique présidentielle, à savoir du scooter de Monsieur Hollande et du dictaphone de Monsieur Buisson, nous avons parlé longtemps de la forme et du contenu du JdC. C'est dire si, pour moi, ce fut une bonne soirée. Mon enthousiaste convive émit cependant une interrogation sur le sens, et peut-être même un doute sur l'opportunité de l'exergue permanent qui figure sous le titre du Journal: "L'éléphant est irréfutable". Dans l'instant et les brumes du Haut-Médoc, je n'ai pas su lui donner de réponse satisfaisante, ou plutôt de réponse qui me satisfasse. Mais à présent, muni de mon meilleur esprit d'escalier, je vais lui en donner, moi, des explications. L'éléphant est irréfutable Ces quelques mots constituent le plus bel aphorisme que je connaisse. Mais ce n'est pas que cela : ils forment à eux quatre toute une philosophie, une ligne de conduite, un sésame, une maxime, une devise qui, si ma famille en avait, devrait figurer sur ses armes. Développons. L'éléphant est irréfutable —Mais d'abord,...
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  • ThierryBERTOUX 23/11/2021
    Si vous ne relisez qu'un livre dans votre courte existence, c'est celui-ci. Évidement, cela implique que vous l'ayez déjà lu. Si ce n'est pas le cas, alors je vous assure que vous passez à côté d'un pan entier de l'univers connu. C'est bien dommage. Vous avez encore une chance de vous rattraper. Information bonus : il y a un deuxième tome.
  • lebelier 29/09/2021
    Chaque semaine, Alexandre Vialatte postait une chronique au journal auvergnat, la Montagne. Des années plus tard, les éditions Laffont les réunissent sous forme de deux pavés d’un millier de pages dans leur collection « Bouquins ». Peu de temps après, je me suis fait offrir les deux tomes à deux années d’intervalle pour mon anniversaire. Mais je n’ai encore rien dit de l’ouvrage. En fait je suis venu à Vialatte à cause de (ou plutôt grâce à) Pierre Desproges. L’humoriste (un des rares auteurs dont j’ai lu toute l’œuvre) le citait souvent dans ses propres chroniques de la haine ordinaire … (à relire régulièrement). Or donc, j’ai commencé la lecture de ces chroniques avec parcimonie (mais tout seul) et me voilà seulement au bout du premier tome. J’éviterai soigneusement de révéler l’endroit où je les ai lues ! Cela valait néanmoins un petit retour sur investissement. D’abord, il faut remarquer qu’il y a un ton Vialatte, une ironie toute en distance, toute en références, toute en nuances – je comprends mieux l’admiration que pouvait éprouver Desproges. On y dresse des portraits, figures d’actualité littéraire souvent (Colette, Hemingway, Sagan… ) passant par l’obligatoire obituaire (Colette, Hemingway, Camus), on se gausse des gloires éphémères : Minou Drouet, la poétesse-enfant, en prend pour son grade et devient presque sa tête de turc. Mais on a aussi ses chouchous : les Auvergnats, bien sûr, Henri Pourrat et Ferny Besson (qui fait visiblement l’objet d’une vaste correspondance avec l’auteur) mais aussi Jean Dutourd . On y fait la description précise des nouveaux auteurs ou de gens dignes d’intérêt ainsi André Parinaud en juin 1953 qui fonda l’Auto-Journal : S’il n’avait pas l’originalité charmante d’écrire le français comme tout le monde, de citer juste des vers classiques et de sauter dans l’autobus sans déraper, on le prendrait pour un agrégé. (30 juin 1953) On égratigne sans cesse le progrès qui rend l’homme un peu ridicule : Il [L’homme] passe son temps avec le bloc-cuisine, le tire-bouchon et la cravate à système, à économiser les secondes grâce à un labeur acharné (22 septembre 1953) Car le sieur Vialatte est un brin philosophe et regarde son époque à la loupe et la décortique au scalpel : Notre civilisation ne cesse pas d’évoluer vers plus de confort et plus d’ennui. L’inconfort préservait de l’ennui. Dans le confort, il faudra qu’on s’adapte. (10 octobre 1961) Souvent, aussi, on y trouve des appréciations presque visionnaires, en tout cas qui prouvent que rien n’est nouveau sous le soleil : Quoi qu’il en soit, le directeur d’une grande école de journalisme vient de me confier que depuis belle lurette ses étudiants ne savent plus le français ; il faut commencer par le leur apprendre (31 octobre 1961) Avec génie et gourmandise, le chroniqueur manie le coq-à-l’âne, campe une ambiance, nous emmène en amnésie où l’on assiste aux obsèques de Colette, la naissance de Sagan en tant qu’écrivain, où l’on voit rouler les 4Cv et les Arondes, où l’on n’est pas encore né mais où l’on guette quand même la chronique autour de sa date naissance. On lit une chronique par jour, à dose homéopathique, on a souvent peur que ça s’arrête. Alors on fait traîner. Et c’est ainsi qu’Allah est grand, comme il disait à chaque fin de chronique. Ça aussi Desproges se l’est approprié. Chaque semaine, Alexandre Vialatte postait une chronique au journal auvergnat, la Montagne. Des années plus tard, les éditions Laffont les réunissent sous forme de deux pavés d’un millier de pages dans leur collection « Bouquins ». Peu de temps après, je me suis fait offrir les deux tomes à deux années d’intervalle pour mon anniversaire. Mais je n’ai encore rien dit de l’ouvrage. En fait je suis venu à Vialatte à cause de (ou plutôt grâce à) Pierre Desproges. L’humoriste (un des rares auteurs dont j’ai lu toute l’œuvre) le citait souvent dans ses propres chroniques de la haine ordinaire … (à relire régulièrement). Or donc, j’ai commencé la lecture de ces chroniques avec parcimonie (mais tout seul) et me voilà seulement au bout du premier tome. J’éviterai soigneusement de révéler l’endroit où je les ai lues ! Cela valait néanmoins un petit retour sur investissement. D’abord, il faut remarquer qu’il y a un ton Vialatte, une ironie toute en distance, toute en références, toute en nuances – je comprends mieux l’admiration que pouvait éprouver Desproges. On y dresse des portraits, figures d’actualité littéraire souvent (Colette, Hemingway, Sagan… ) passant par l’obligatoire obituaire (Colette, Hemingway, Camus),...
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  • lehibook 24/01/2020
    Il y a eu le Sermon sur la montagne…. Important mais pas très rigolo . Il y a aussi les chroniques de la Montagne ce travail d’une (presque) vie que Vialatte a accompli pour notre plus grand bonheur . Heureux les lecteurs du quotidien auvergnat qui découvraient au jour le jour ces perles d’humour et de culture.
  • jfcastell 28/11/2013
    Il faut relire Vialatte Mes activités professionnelles m’amènent de plus en plus à voyager. Ceci m’expose régulièrement au dilemme du choix du moyen de transport : mon engagement contre le changement climatique me conduit souvent à préférer les longs voyages en train aux petits déplacements en avion. Au cours de ces interminables trajets, je travaille un peu. Malheureusement, le logiciel de billetterie de la SNCF me choisit quasi-systématiquement pour voisine une charmante vieille dame, toujours un peu curieuse et surtout très bavarde, ce qui aide à passer le temps, mais nuit à la concentration. Je ne m’en plains pas : j’en profite pour relire Vialatte. Les chroniques qu’il écrivit jadis pour le journal « La Montagne » sont un véritable régal pour le voyageur. Des textes courts et plaisants, témoignage d’un temps où le charme d’une vie paisible s’écoulant paisiblement dans la belle province d’Auvergne cédait peu à peu la place au rythme de la vie moderne et citadine. Vialatte s’en étonne et feint de s’en amuser. C’est ainsi qu’il joue sur le contraste qui existe entre les conseils d’un vieil almanach du jardinier du dix-neuvième siècle, probablement trouvé dans son grenier, et les contraintes de la vie moderne : « on peut creuser des fosses de dix-huit pouces de profondeur pour les asperges si on veut les forcer sur place, et leur faire faire de grands nivellements tant que la main d’œuvre est abordable. En dehors des heures de bureau, bien entendu. » C’est dit sur un ton amusé, mais on perçoit en permanence le désabusement, voire le désarroi d’un homme cultivé, qui sait comment arrivent les guerres et où elles mènent : germaniste - c’est lui qui a traduit et fait découvrir en France l’œuvre de Kafka – il a raconté dans les « bananes de Königsberg » sa vision de l’histoire « folle, tragique, invraisemblable et d’un comique ahurissant » de l’Allemagne entre 1922 et 1949. C’est pourquoi Vialatte est un humoriste triste, tout comme le fut Desproges vingt ans plus tard. Ses chroniques sont celles d’un homme de culture qui voit un monde disparaître, et ne se réjouit guère de celui qui naît sous ses yeux. Revenant aux conseils de son vieil almanach, il conclut : « Voilà la civilisation. Elle est faite de cent mille recettes et ne se bâtit pas en un mois. Elle peut, en revanche, disparaître en deux semaines. Chaque jour, depuis vingt ans, elle s’en va un peu plus ». Qu’importe le sujet de la chronique (comme celui de ses romans, d’ailleurs) : ce n’est qu’un prétexte pour exprimer cette nostalgie. Mais l’intérêt de la chronique, c’est qu’il faut faire court, et donc travailler le texte. Vialatte y excelle, sauf quand il nous prévient : « N’ayant pas le temps d’être bref, je serai peut-être un peu long », montrant par là non seulement que les discours les plus longs sont rarement les meilleurs, mais aussi que les plus courts ne sont pas les plus rapidement rédigés. Il nous donne même des conseils : « Et d’abord, après « après que » ne mettez jamais le subjonctif ». Quel chroniqueur s’en soucierait aujourd’hui ? Et quel lecteur sait encore ce qu'est le subjonctif ? Il faut donc relire l’auteur « notoirement méconnu » qu’était Alexandre Vialatte. C’est nécessaire et pédagogique. D’abord pour passer le temps en voyage sans manquer de respect aux vieilles dames. Ensuite, pour mieux comprendre pourquoi un pays entier peut passer une semaine à discuter de la main d’un footballeur et pourquoi il faut prendre le temps de rédiger ses textes en bon français. Enfin pour mieux comprendre la différence entre l’humain et la civilisation.Il faut relire Vialatte Mes activités professionnelles m’amènent de plus en plus à voyager. Ceci m’expose régulièrement au dilemme du choix du moyen de transport : mon engagement contre le changement climatique me conduit souvent à préférer les longs voyages en train aux petits déplacements en avion. Au cours de ces interminables trajets, je travaille un peu. Malheureusement, le logiciel de billetterie de la SNCF me choisit quasi-systématiquement pour voisine une charmante vieille dame, toujours un peu curieuse et surtout très bavarde, ce qui aide à passer le temps, mais nuit à la concentration. Je ne m’en plains pas : j’en profite pour relire Vialatte. Les chroniques qu’il écrivit jadis pour le journal « La Montagne » sont un véritable régal pour le voyageur. Des textes courts et plaisants, témoignage d’un temps où le charme d’une vie paisible s’écoulant paisiblement dans la belle province d’Auvergne cédait peu à peu la place au rythme de la vie moderne et citadine. Vialatte s’en étonne et feint de s’en amuser. C’est ainsi qu’il joue sur le contraste qui existe entre les conseils d’un vieil almanach du jardinier du dix-neuvième siècle, probablement trouvé dans son grenier, et les contraintes de la vie moderne : « on...
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