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Journal
1887-1910
Date de parution : 28/05/1990
Éditeurs :
Bouquins

Journal

1887-1910

Date de parution : 28/05/1990

«Ne pas se tromper aux figures hautaines et silencieuses : ce sont des timides», écrit Jules Renard parlant de lui. Comme tous les timides, il répugnait à se confier aux...

«Ne pas se tromper aux figures hautaines et silencieuses : ce sont des timides», écrit Jules Renard parlant de lui. Comme tous les timides, il répugnait à se confier aux autres. Son Journal lui sert de confident, d'interlocuteur, de complice. C'est à la mémoire des feuillets qu'il remet ses pensées...

«Ne pas se tromper aux figures hautaines et silencieuses : ce sont des timides», écrit Jules Renard parlant de lui. Comme tous les timides, il répugnait à se confier aux autres. Son Journal lui sert de confident, d'interlocuteur, de complice. C'est à la mémoire des feuillets qu'il remet ses pensées les plus secrètes et les plus contradictoires. Ardent dreyfusard, il écrit : «Je suis écœuré à plein cœur, à cœur débordant, par la condamnation d'Emile Zola...» Mais il confesse ailleurs : «Nous sommes tous antijuifs. Quelques-uns parmi nous ont le courage ou la coquetterie de ne pas le laisser voir.»
Il se répand en réflexions misogynes : «Si jamais une femme me fait mourir, ce sera de rire» ; «Dès qu'on dit à une femme qu'elle est jolie, elle se croit de l'esprit» ; «La femme est un roseau dépensant.» Mais n'est-ce pas pour exorciser le chant des sirènes ? «Je les aime toutes. Je fais des folies pour elles. Je me ruine en rêves.»
Anticlériclal, antireligieux convaincu, auteur de La Bigote, au Journal il confie cependant : «J'ai l'esprit anticlérical et un cœur de moine.»
Il avait une conscience amère, injuste et orgueilleuse de ses limites, mais aussi de ses qualités, celles des grands écrivains - l'humour, l'ironie, la poésie : «Les ironistes, ces poètes scrupuleux, inquiets jusqu'à se déguiser.»
Portrait d'une époque et d'un milieu, peinture des naturels du Morvan, et par-dessus tout portrait d'une âme poétique jusqu'à la souffrance, le Journal de Jules Renard est un chef-d'œuvre de la langue française et le témoignage d'un grand moraliste : «Je me fais une haute idée morale et littéraire de l'humour.»
Henry Bouillier professeur à la Sorbonne.

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EAN : 9782221058749
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 1140
Format : 196 x 131 mm
EAN : 9782221058749
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 1140
Format : 196 x 131 mm

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • ludovickaletka 22/01/2024
    S il y avait un seul livre que je garderai le jour où je quitterai cette terre, c est bien celui-ci. C est l écrivain qui vous décrit, vous détaille et vous explique à la fois l âme et le physique des hommes en une phrase. Et on a tout compris, on a tout saisi. L essence même derrière quelques mots. Une plume qui scalpe. Une plume qui cisaille le moindre recoin des personnages avec très peu de moyens et un vocabulaire toujours juste, précis et renouvelé. Renard a le mot percutant et rien n échappe à sa sagacité. Il n a pas nous plus la jalousie et la petitesse des frères Goncourt. Lui-même ne s épargne pas. Il a l œil inégalé d un artiste qui nous plonge dans son XIX s. bouillant qui décrypte sans equivoque les castes sociales de son époque, sa beauté et ses malheurs. Oui, c est ce livre que j emmènerai car il me permettra là-haut de ne pas m ennuyer, de me faire rire et surtout de me rappeler et de garder la nostalgie des qualités et des travers de l homme que je ne serai plus.
  • Lamifranz 27/08/2022
    Jules Renard, c’est bien sûr « Poil de carotte » et les « Histoires naturelles », mais pour ceux et celles qui s’intéressent à la littérature de plus près, le « Journal » qu’il composa de 1887 à 1910 a une importance inestimable : De par ses qualités intrinsèques d’écriture d’une part, où on retrouve l’esprit piquant et acéré de ses ouvrages, ainsi que la clarté lumineuse et l’humour caustique et bon enfant à la fois qui le caractérise, mais aussi par le tableau extrêmement vivant qu’il donne de la société (en particulier de la société culturelle) de son époque. Et son époque, précisément c’est « La Belle époque ». Une époque d’une richesse inouïe en beaux esprits, en personnalités de premier ordre, inscrite dans un progrès technique et social qui renverse des siècles d’avancées de tortues, un monde où l’écrivain fait un double témoignage : sur lui-même et sur le monde qui l’entoure. Sur lui-même, bien sûr. Parce qu’un journal, qu’il soit intime (sans autre destinataire que soi-même) ou destiné un jour à la publication, est avant tout une œuvre personnelle, qui vient de soi et va à soi. C’est d’abord une confidence intime, avec peut-être (ce n’est pas toujours le cas) le souci de « laisser une trace », sur soi et sur les autres, en tous cas sur la perception qu’on en a eue. Sur les autres également, le « diariste » (anglicisme : il n’existe pas en français un terme précis pour désigner le rédacteur d’un journal intime) fait aussi office de témoin (rarement objectif puisque étant à la fois juge et partie) d’un monde qui lui apporte tour à tour joies et tristesses, amours et haines, la vie, quoi. Jules Renard nous apprend beaucoup de choses sur lui-même. Ses œuvres précédentes, où l’autobiographie parfois devenait évidente, nous révélaient par leur style caractéristique les qualités et peut-être les défauts de l’homme. Jules Renard est un timide qui s’exprime mieux à l’écrit qu’à l’oral (j’en connais un autre). Il a des idées bien arrêtées sur tous les sujets : en politique, il est dreyfusard. Dans l’intimité, c’est un misogyne acharné. En littérature il a ses amis et ses têtes de turc. Et comme nous tous, il est pétri de contradictions : anticlérical convaincu et militant, il confesse : « J’ai l’esprit clérical et un cœur de moine ». Sur les femmes, il déclare : « Je les aime toutes, je fais des folies pour elles » Sacha Guitry dira un peu comme lui (à peine un peu plus tard) : « Je suis contre les femmes. Tout contre. » Enfin le « Journal » de Jules Renard est un objet littéraire : parce qu’il parle de littérature, bien sûr en invoquant les grands noms de l’époque (ils y passent à peu près tous, dans l’Edition Bouquins, un index judicieux vous permet de voir ce que l’ami Jules pensait d’eux, ça va du mordant au touchant) ; et sur le travail de l’écriture, où avec modestie et constance et grand effort de volonté il exprime sa façon de voir, en particulier la qualité première de son humour : l’ironie plus ou moins appuyée : « les ironistes, ces poètes scrupuleux, inquiets jusqu’à se déguiser » : tout Jules Renard est là : l’ironie, le scrupule (question d’honnêteté envers le lecteur) et cette inquiétude quasi métaphysique qui tient au ventre la plupart des (vrais) écrivains. Il faut avoir lu le « Journal » de Jules Renard : il est très facile à lire, le style est celui qu’on connait, caustique, ironique et tout ce que vous voulez, mais familier et proche de vous, et puis c’est le ton de la confidence, vous n’êtes pas avec l’auteur Jules Renard, vous êtes avec l’ami Jules qui fait la causette avec vous, en buvant un pastis (ou une absinthe pour faire plus vrai). Jules Renard, c’est bien sûr « Poil de carotte » et les « Histoires naturelles », mais pour ceux et celles qui s’intéressent à la littérature de plus près, le « Journal » qu’il composa de 1887 à 1910 a une importance inestimable : De par ses qualités intrinsèques d’écriture d’une part, où on retrouve l’esprit piquant et acéré de ses ouvrages, ainsi que la clarté lumineuse et l’humour caustique et bon enfant à la fois qui le caractérise, mais aussi par le tableau extrêmement vivant qu’il donne de la société (en particulier de la société culturelle) de son époque. Et son époque, précisément c’est « La Belle époque ». Une époque d’une richesse inouïe en beaux esprits, en personnalités de premier ordre, inscrite dans un progrès technique et social qui renverse des siècles d’avancées de tortues, un monde où l’écrivain fait un double témoignage : sur lui-même et sur le monde qui l’entoure. Sur lui-même, bien sûr. Parce qu’un journal, qu’il soit intime (sans autre destinataire que soi-même) ou destiné un jour à la publication, est avant tout une œuvre personnelle, qui vient de soi et va à soi. C’est d’abord une confidence intime, avec peut-être (ce n’est pas toujours...
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  • Newwavebac 28/11/2021
    Ah Jules Renard, qui fait souvent les bonnes citations des Grosses Têtes ! Cela m’a toujours intrigué d’avoir un auteur aussi savoureux et caustique alors que Poil de Carotte était quand même un livre pour enfant. Je n’ai pas été déçu par ce journal sans filtre où chacun en prend pour son grade (Mallarmé, intraduisible même en français), y compris l’auteur lui même, qui a été très amoureux de Marinette sa femme, sans renoncer aux autres pour autant, qui a perdu son frère et son père très vite et qui lui même dès 1910, n’était plus. Il voyait la vie en « rosse » ainsi qu’il le dit très joliment. Certaines références sont quand même très datées et passent souvent au dessus du lecteur. Dommage que l’édition ne compense pas ces failles. Mais bravo Jules, je pense que j’aurais très souvent des réminiscences de cette lecture !
  • bfauriaux 30/03/2020
    Le "journal" est un style littéraire très risqué car il peux vite se révéler ennuyeux: Rien de tout ceci ici et ce journal nous fait revivre avec bonheur la fin du dix neuvième siècle et le début du vingtième et n'est jamais longuet: beaucoup d'anecdotes, de faits réels bien relatés bref une réussite peux etre le meilleur ouvrage de l'auteur en tout cas ne vraie decouverte et une belle lecture.
  • Farlay 18/09/2018
    Quelques jours avant de mourir, Jules Renard notait dans son Journal qu'il avait fait pipi au lit, comme jadis Poil de carotte. Entre ces deux pollutions nocturnes, une vie d'homme ponctuée de sarcasmes et de notations sur l'impossible "douceur" qui aurait dû dompter la vie. Il aurait surtout voulu dompter son silence. Il n'y est pas tout à fait parvenu. Témoin, ce Journal, grêlé, où pleut une petite eau bien froide, comme l'urine des draps. L'ironie servira d'alèse.
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